Nez, la revue… de presse – #11 – Où l’on apprend que les singes se parfument, que les punaises sentent la coriandre, et la coriandre le savon !

Une revue de presse entre odorat animal, sens olfactif déréglé et bactéries dévoreuses d’odeurs. Le tout saupoudré d’un peu de coriandre… et de punaises !

Alors que la course au parfum le plus naturel possible est devenu le nouveau mantra de certaines marques, il sera difficile de battre celui-ci. Des singes-araignées du Mexique ont été observés en train de mâchouiller puis de s’appliquer sur le corps des plantes aromatiques, rapporte le site de ABC. Les chercheurs en zoologie à l’Université de Linköping en Suède pensaient d’abord que les animaux utilisaient ces plantes pour repousser les insectes ou soigner des irritations, mais il s’avère que certaines n’ont pas d’autre propriété que de simplement sentir bon. Ce rituel de parfumage pourrait jouer un rôle « dans le contexte de la communication sociale, éventuellement pour signaler le statut social ou pour augmenter l’attractivité sexuelle ». Un peu comme chez les humains, finalement. 

Des parfums pour chien ont déjà été commercialisés par le passé (Étienne de Swardt avait créé Oh my dog au début des années 2000 avant de fonder État libre d’Orange), et la finesse de leur odorat est bien connue. En voici de nouvelles preuves : ils sont capables de détecter les crises d’épilepsie, selon la BBC. Pour une étude parue dans la revue Scientific Reports, cinq chiens de Medical Mutts, aux États-Unis, ont été entraînés à reconnaître l’odeur de sueur d’un patient qui a eu une crise. Les animaux savaient ensuite reconnaître et détecter l’odeur précise dégagée lors de ces épisodes. On ne sait pas comment ces derniers entraînent un changement d’odeur, mais ces résultats pourraient permettre de prédire la survenue d’une crise. Il a déjà été démontré que les chiens sont capables de détecter des maladies comme le cancer, la maladie de Parkinson, le paludisme et le diabète.

Leur truffe peut aussi être une aide précieuse pour les archéologues. Des chiens dressés ont ainsi aidé à localiser des lieux de sépulture datant de près de 3000 ans en Croatie, selon une étude publiée dans le Journal of Archaeological Method and Theory, relayée par le Guardian. L’utilisation de chiens pour renifler les sépultures est prometteuse pour la discipline, car elle est non destructive et peut être utilisée dans des situations où le radar ou d’autres techniques ne fonctionnent pas. 

Animaux et olfaction font décidément bon ménage – comme l’expliquait Nez #7 en avril dernier – pas toujours pour le meilleur. Les punaises diaboliques (stink bug en anglais, Halyomorpha halys pour les scientifiques), arrivées en Europe et en Amérique du Nord depuis l’Asie ces dernières années, ont la particularité de libérer une odeur nauséabonde comme mécanisme de défense quand elle se sentent menacées. Cette senteur n’est toutefois pas perçue par tout le monde de la même manière, de « sucrée » à « poivrée », en passant par « proche de la coriandre »

Cela expliquerait-il le caractère polarisant de l’herbe aromatique, adorée par certains, détestée par les autres, au point de susciter des groupes Facebook « I hate coriander » ? L’étymologie les lie en effet, puisque coriandre vient du grec koris qui signifie punaise, mais sans doute plutôt en raison de la forme des feuilles que de leur odeur. Ce sont les aldéhydes que contient la plante qui seraient à l’origine des opinions très tranchées à son sujet, selon le site Mental Floss. Des études montrent que des variations génétiques les rendraient tantôt agréablement frais, tantôt insupportablement savonneux.  

Il arrive en effet que nous percevions les odeurs différemment de notre voisin, en fonction de notre mémoire olfactive ou de nos gènes, mais ces différences peuvent aussi être le signe de troubles de l’olfaction. L’édition britannique de Stylist leur consacre une série d’articles, et interroge notamment Louise Woollam, qui souffre de parosmie (un trouble provoquant une perception désagréable d’une odeur jugée habituellement agréable) et de phantosmie (un trouble qui fait percevoir une odeur en l’absence de stimulation olfactive). « Tout ce que je mangeais avait le goût de feuilles brûlées et de moisissure », raconte-t-elle. La série donne aussi la parole à une malvoyante, pour qui l’odorat revêt une importance particulière, une anosmique et une hyperosmique. 

Men’s Health Australie s’intéresse également à l’anosmie dans un long article qui détaille notamment ses conséquences psychologiques et sociales sur ceux qui en souffrent. Perte d’appétit, baisse de la libido, de l’empathie, dépression : « Les gens qui perdent leur odeur ont l’impression d’être derrière un mur de verre, d’être des spectateurs dans leur propre vie », explique un des témoins. Grâce à des exercices olfactifs assidus, il est possible pour certains patients de récupérer en partie son odorat.

L’intelligence artificielle permettra-t-elle prochainement de recréer des odeurs pour compenser l’anosmie ? Grâce au machine-learning, une équipe de Google Brain a formulé un système de reconnaissance des odeurs simplement à partir de données moléculaires, rapportent Wired et Le Journal du Geek. Il s’est avéré extrêmement difficile de déterminer l’odeur d’une molécule à partir de sa structure chimique. Changez ou enlevez un atome ou un lien, « et vous pouvez passer des roses aux œufs pourris », souligne Alex Wiltschko, qui a dirigé l’équipe de recherche. Ces résultats constituent donc une avancée qui fera peut-être date. 

Comme cette innovation dévoilée par le site de RTL.be ? Un biologiste belge et une styliste britannique sont parvenus à concevoir un vêtement anti-odeurs. Non pas simplement grâce à un parfum encapsulé comme on sait déjà le faire depuis quelques années, mais en intégrant au tissu des bactéries au niveau des zones sensibles comme les aisselles ou le haut du dos. Ces bactéries intelligentes s’activent au contact de l’humidité pour combattre celles qui sont responsables des odeurs corporelles, et résisteraient même à un lavage à 30 degrés. L’équipe espère développer une gamme de vêtements de sports utilisant cette technologie.

Et c’est ainsi que les mouillettes ne servent pas qu’à déguster les œufs ! 

Visuel principal : © Morgane Fadanelli

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