Inspire - Cartier

Mathilde Laurent : « Les neurosciences, la musique, le cinéma, la peinture ou la sculpture sont autant de domaines à confronter au parfum »

Avec son podcast olfactif Inspire, lancé en novembre, Cartier réunit artistes, historiens ou scientifiques autour de son parfumeur maison, Mathilde Laurent, pour une conversation intime sur les odeurs et les liens qu’elles tissent avec les autres champs créatifs. Le premier épisode, « Une panthère », convie ainsi la pianiste Khatia Buniatishvili, l’acteur et réalisateur Nicolas Maury, l’historienne Elisabeth de Feydeau, l’actrice Constance Arnoult et le vétérinaire en chef de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris Norin Chaï. Mathilde Laurent nous présente le projet.

Comment est né Inspire ?

C’est un projet qui me satellise tellement il me réjouit ! Nous avions depuis longtemps l’idée d’offrir la possibilité à tout le monde de partager des moments d’olfaction avec un parfumeur, de l’entendre parler de son travail, de ses recherches, de la vision qu’il met dans ses parfums. Je me rends compte au cours de mes pérégrinations que lorsqu’on aime un parfum ou le parfum, échanger avec un parfumeur, c’est comme rencontrer un artiste ou un écrivain, et beaucoup de gens y aspirent. Nous voulions susciter ce partage, cette ouverture. J’ai beaucoup pensé à Apostrophes, que je regardais petite et qui m’a aidée à comprendre la littérature et m’a transportée tant de fois. Le projet s’inscrit aussi dans une démarche que je poursuis depuis le début de mon travail en parfumerie, initiée avant moi par Edmond Roudnitska : l’idée de déployer l’art du parfum comme un art à part entière.

Quelle forme prend le podcast ? 

Il s’agit d’un moment de partage avec des artistes de divers horizons et des spécialistes de l’olfaction. Nous partons d’un parfum et nous en racontons la création et le sens, aussi bien dans l’histoire de l’art du parfum que dans l’histoire scientifique. L’idée n’est pas juste de parler d’un parfum : c’est un prétexte pour évoquer l’olfaction, les neurosciences, la musique, le cinéma, et pourquoi pas l’œnologie, la cuisine, la peinture ou la sculpture, qui sont autant de domaines à confronter au parfum. Comme l’odorat est un sens qui a longtemps été occulté par la recherche, les artistes oublient souvent qu’il peut intervenir dans leur travail. Le podcast permet que tout le monde sente la même chose au même moment : chacun a son flacon, et le « pschitt » donne le signal de départ de l’olfaction.

De quelle manière les intervenants ont-ils été choisis ?

Nous avons réuni des gens dont nous avions l’intuition qu’ils allaient pouvoir parler de parfum, ce qui suppose deux conditions. D’abord, l’olfaction est un univers que l’on peut totalement ignorer, et on peut cheminer toute sa vie sans prendre conscience de son existence. Il nous fallait des invités qui ont une appétence, une envie pour les odeurs – mais pas forcément un savoir en la matière. Ensuite, nous avons cherché des personnes poreuses à leurs émotions, leurs sensations, et capables d’en parler, ce qui n’est pas le cas de tous les artistes, contrairement à une idée reçue. Tout le monde n’a pas le don de volubilité.

Inspire - Cartier

Comment avez-vous choisi le thème de ce premier podcast, la panthère ?

C’est une icône de la maison depuis Jeanne Toussaint [directrice de la création de 1933 à 1970 et surnommée « la panthère »]. C’est aussi le nom d’un des premiers parfums que j’ai signés chez Cartier, et cela avait été un grand vertige pour moi, alors que j’étais si jeune dans la maison, de m’attaquer à cet emblème. Aux côtés d’une historienne et d’un scientifique, nous nous penchons sur la panthère au sens vaste de ce qu’elle représente, en tant qu’animal, icône et femme. Il y a tellement de choses à raconter sur ce mythe et sa place chez Cartier qu’il a été très difficile de ne garder que 45 minutes sur 2h30 d’enregistrement, et il y aura peut-être d’autres épisodes sur la panthère traitée sous d’autres aspects. 

Que nous réservez-vous pour la suite ?

J’ai plein d’idées : le fil conducteur sera toujours un parfum, mais il y a de nombreux autres domaines à aborder. Le rythme d’un épisode par trimestre permettrait à tout le monde de trouver le temps d’écouter… et de sentir.

Propos recueillis le 19 novembre 2020

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Vivement intéressé par les dilution odoriférantes, avec la certitude que les bases dilution sont une voie Thérapeutique extrêmement important depuis le plus Jeune âge
Pour avoir été médecin de réanimation néonatale au début de ma carrière est témoin de l’efficacité de l’homéopathie comme prévention des maladies chez nous petit patient sauvés
Grâce à très peu d’antibiotiques et un peu d’oxygène, au bon moment., Je suis un prescripteur Bientôt retraité mais toujours très intéressé par la neuroscience Avec l’ambition d’écrire à ce sujet, merci de votre initiative intelligente et louable, bien Respectueusement vôtre, Bruno Grandet 93340

Je trouve vraiment dommage de voir encore écrit « son parfumeur maison » lorsqu’on parle d’une femme parfumeure (ou parfumeuse). L’amélioration de l’accès à certains postes par des femmes ou par des minorités passent par le langage et la représentation. Et la légitimité d’occuper un poste pour une personne passe également par le nom qu’on donne à ses fonctions d’après moi.. Même si de nombreuses femmes peuvent être créatrices de parfum aujourd’hui, le ratio par rapport à l’énorme majorité de femmes en école de parfumerie n’est pas du tout retrouvé et on trouve beaucoup d’hommes à des postes à responsabilités comparés aux nombre d’étudiants hommes en écoles..
À part ça, merci pour vos articles ! 🙂

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