« Le nez des illustrateurs » : Le Collectif Ensaders

Pour le troisième numéro de Nez, la revue olfactive, nous avons demandé à des illustrateurs de partager avec nous leurs souvenirs et leurs références olfactives… Et nous avons eu la chance de récolter de nombreuses réponses.
Faute d’avoir pu toutes les publier dans les pages consacrées à cette rubrique dans la revue papier (p.9-11), nous leur dédions ici un espace qui vous offrira, nous l’espérons, un prolongement agréable à la lecture du “Nez des illustrateurs”.

C’est aujourd’hui le Collectif Ensaders qui répond à nos questions.

Collectif Ensaders

Il s’agit de la réunion unique de trois illustrateurs ( Yann Bagot, Kevin Lucbert et Nathanaël Mikles) dont la singularité est celle d’un véritable travail collectif parfois au sein même d’une feuille. C’est une vision poétique et enchanteresse de ce métier qu’ils proposent et où leur mot d’ordre est le suivant: « Nous sommes pour un monde absurde et le réenchantement du réel. Nous réveillons les mythes car nous savons que les mystères existent encore ». Vous avez pu les croiser au détour d’une page du magazine M Le Monde, lors de la participation à une fresque collective l’année dernière au Musée Passager à Cachan et l’illustration du livre Qui rira Paiera, aux Editions Solo Ma Non Troppo pour ne citer qu’un petit bout de leur actualité.

-Quel est votre parfum ?

Nous ne mettons plus de parfum depuis la fin du collège, toutefois certains membres du collectif prétendent n’en avoir jamais utilisé… Mais cela ne nous empêche pas d’avoir du nez et des idées sur la question. Nous souhaitons même créer notre propre parfum : Parfumos, le parfum qui sent certaines fleurs. Un bouquet de plaisir et de surprises, un parfum pour tous, une fragrance raisonnable, un bouillon capiteux, tout feu tout flamme, mi-figue mi-raisin, pour ne plus jamais passer inaperçu.

-Votre madeleine de Proust ?

L’odeur douce des pâtes en train de cuire nous rappelle simultanément notre tendre enfance et le déjeuner de la veille à l’atelier. L’odeur de chlore aux abords d’une piscine municipale, souvenirs de ploufs tsunamiques et de cavalcades épiques au bord du bassin jusqu’à ce que retentisse la douce voix du maître-nageur furieux. L’odeur des marrons chauds vendus dans la rue en hiver.

-Votre pire souvenir olfactif ?

Les cahiers neufs dans les allées des supermarchés en septembre. L’odeur âcre de n’importe quel rayon parfum de grande surface, lorsque chaque odeur tente de couvrir l’autre. On n’en sort jamais indemne ! L’odeur de renfermé chez papy et mamie qui n’ouvraient jamais leurs fenêtres. L’odeur stérile et inquiétante de l’hôpital nous rappelle qu’au détour des couloirs rincés abondamment à l’eau de javel, la maladie et la mort rôdent…

-Et vos dessins, ils sentent quoi ?

Parmi les mille senteurs de joie qu’ils évoquent… Une usine de bonbons construite sur un cimetière indien, un rôti d’ours blanc sur la banquise, la danse du plastique au fond des mers, une banane flambée à la poudre à canon, une panse de brebis farcie aux sushis, le Sahara après la pluie, une forêt pendant le brame du cerf, le bitume fraîchement répandu sur un champ de fraises, une meule de foin dans un vestiaire de rugby, de l’éther renversé sur une veste en cuir, un restaurant universitaire sur Alpha du Centaure, une écurie enduite de miel, un fer à souder brûlant planté dans un gâteau d’anniversaire, un poulpe farci avec du savon, l’incendie d’une usine de poupées Barbie…

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